Le réacteur NRU est essentiel à la science et à l’innovation nucléaires au Canada
février 2015
Une économie axée sur le génie et la fabrication de pointe – à plus forte raison si elle privilégie l’autonomie et la sécurité nationales – a beaucoup à gagner d’une capacité de recherche nucléaire. Or, un réacteur de recherche est essentiel à cette capacité.
Le Canada possède cette capacité grâce au réacteur NRU (National Research Universal), que les Laboratoires nucléaires canadiens, anciennement EACL, exploitent à Chalk River, en Ontario. Mais il perdra cette capacité lorsque le réacteur sera mis à l’arrêt comme prévu le 31 mars 2018.
Le réacteur NRU, réacteur de recherche très performant, est au cœur de l’infrastructure de recherche-développement nucléaire pancanadienne. Il est à la base de la technologie des réacteurs CANDU utilisée dans les centrales nucléaires et prend en charge de nombreuses applications qui améliorent la vie, par exemple dans les domaines de la médecine, de la phytotechnie et de la salubrité des aliments.
Le réacteur NRU s’avère une infrastructure de formation stratégique. Il permet de former le capital humain dont le Canada a besoin pour maintenir sa crédibilité sur la scène internationale dans le domaine de l’énergie nucléaire, de la non-prolifération et des politiques en matière de sûreté et de sécurité. Ce savoir-faire consiste notamment à avoir la capacité de réglementer les activités nucléaires et d’assurer la sécurité des citoyens.
Le réacteur NRU est déjà un outil d’innovation dans plusieurs domaines clés, par exemple les combustibles avancés pour réacteurs – argument de poids en faveur des réacteurs CANDU dans des pays comme le Royaume-Uni et la Chine. Mentionnons également les marges de sûreté améliorées – ce qui constitue un impératif de sécurité nationale pour le Canada au pays et à l’étranger.
La présence de creusets ou de pôles de recherche-développement, même de faible ampleur, dans une région donnée stimule grandement l’innovation. Le secteur nucléaire compte plusieurs pôles clés autour des Laboratoires de Chalk River, du Centre canadien d’innovation nucléaire Sylvia Fedoruk à Saskatoon et dans le sud de l’Ontario.
Ces installations et les centres de recherche établis dans plus d’une dizaine d’universités ainsi que les grandes installations scientifiques comme le laboratoire TRIUMF de la Colombie-Britannique et le Centre canadien de rayonnement synchrotron de la Saskatchewan forment un « écosystème nucléaire ». Dans le sud de l’Ontario, le pôle réunit des entreprises d’ingénierie, de fabrication et de construction qui bâtissent et entretiennent l’infrastructure pour la production d’énergie nucléaire et la recherche-développement nucléaire.
Mais le réacteur NRU joue aussi un rôle, à la fois pratique et symbolique, dans le succès du plan d’action canadien en matière de politique étrangère, de sécurité nationale et de marchés mondiaux.
Le Canada possède la technologie des réacteurs CANDU qu’utilisent sept pays. Notre savoir-faire est reconnu dans tous les domaines du cycle du combustible nucléaire, depuis l’extraction et la concentration de l’uranium jusqu’au déclassement et à la gestion des déchets en passant par la fabrication de combustibles avancés. Nous faisons profiter le reste du monde de nos normes de sûreté et de sécurité rigoureuses. Comme nos modèles de réacteurs font appel à l’uranium naturel, et non enrichi, ils ne risquent pas de favoriser la prolifération.
Le réacteur NRU appuie l’exploitation des réacteurs de puissance au Canada, en particulier dans l’optique de la prolongation de leur durée de vie. Il offre les conditions particulières qui permettent d’effectuer des essais, de mener des expériences et de résoudre les problèmes, ce qui est essentiel si l’on veut prolonger la vie des composants de réacteurs vieillissants. Des environnements hautement radioactifs sont nécessaires pour reproduire les conditions dans lesquelles fonctionnent les réacteurs. Le réacteur NRU répond à ce besoin, et pas seulement pour les réacteurs CANDU exploités au Canada.