La France tire des leçons de la fermeture d’installations nucléaires en Allemagne
Avant son entrée au pouvoir, le président français Emmanuel Macron a approuvé un plan pour réduire la dépendance de la France de l’énergie nucléaire et faire passer la production d’électricité de source nucléaire de 75 % à 50 % d’ici 2025.
Selon ceux qui étaient en faveur du plan, cette réduction de l’utilisation du nucléaire serait compensée par les énergies éolienne et solaire.
Pour les partisans du nucléaire à travers le monde, la prépondérance de cette source d’énergie en France (tout comme en Ontario) est souvent citée en exemple comme une façon de décarboniser un réseau, convenablement et rapidement. Ainsi, le retrait de la France du nucléaire était considéré comme une défaite morale.
Près d’un an plus tard, Macron a fait une rupture avec sa promesse qui est largement passée inaperçue de ce côté de l’Atlantique.
Pas plus tard qu’en août, le ministre français de l’Environnement, Nicolas Hulot, qui avant de se joindre au cabinet de Macron était un célèbre journaliste et militant écologiste, avait annoncé que la France allait fermer jusqu’à 17 de ses 58 réacteurs pour atteindre la cible de 50 % fixée pour 2025.
En 2015, l’ancien gouvernement de François Hollande avait voté en faveur d’une transition énergétique qui visait à réduire le nucléaire à 50 % d’ici 2025, mais n’avait pris aucune mesure pour fermer des réacteurs. Les commentaires de Hulot laissaient entendre que Macron passerait à l’action.
Mais le volte-face du gouvernement Macron est survenu rapidement lorsque Hulot a déclaré en novembre, comme le rapporte Reuters, qu’essayer d’atteindre à la cible de 2025 « augmenterait les émissions de CO2 de la France, mettrait en danger la sécurité d’approvisionnement énergétique et mettrait en péril des emplois ».
Puis, à la fin du mois de décembre, Macron lui-même a dit que la cible de 2025 n’était pas réaliste et qu’il ne suivrait pas l’exemple de l’Allemagne dans l’élimination progressive du nucléaire, parce qu’il voulait réduire les émissions de carbone et mettre un terme à l’utilisation du charbon.
« Je n’idéalise pas du tout l’énergie nucléaire. Mais je pense qu’il faut choisir ses batailles. Ma priorité en France, en Europe et à l’international, ce sont les émissions de CO2 et le réchauffement climatique », a-t-il dit dans une entrevue télévisée.
« Qu’est-ce qu’ont fait les Allemands quand ils ont fermé toutes leurs centrales nucléaires d’un coup? Ils ont développé beaucoup d’énergies renouvelables, mais ils ont aussi massivement rouvert leurs centrales thermiques et au charbon. Ils ont aggravé leur empreinte de carbone, ça a été mauvais pour la planète. Donc, je ne vais pas faire ça. »
« Le nucléaire n’est pas mauvais pour les émissions de carbone. Avec les énergies renouvelables, c’est même la façon de produire de l’électricité qui entraîne le moins de production de carbone », a ajouté Macron.
Le repositionnement de Macron au sujet du nucléaire montre que, pour lutter sérieusement contre les changements climatiques, nous avons besoin de tous les outils à notre disposition.