Des scientifiques et des écologistes se prononcent en faveur de l’énergie nucléaire
Le débat public sur l’énergie nucléaire est souvent présenté comme un choix entre des sources d’énergie et l’environnement. Or, un nombre croissant de spécialistes du climat et d’écologistes transforment le débat en prenant position en faveur de l’énergie nucléaire. Leur prise de position est d’autant plus importante que le changement climatique devient la principale préoccupation environnementale à l’échelle mondiale.
Au nombre des éminents écologistes pronucléaires, mentionnons l’expert-conseil australien en environnement Ben Heard, le directeur de l’Earth Institute Jeffrey Sachs et l’ancienne administratrice de l’Environmental Protection Agency Carol Browner. Il y a aussi l’ancien directeur général de Greenpeace Stephen Tindale qui , après avoir lutté pendant 20 ans contre l’énergie nucléaire, s’est prononcé en 2007 en faveur de cette option.
Sans affirmer que l’énergie nucléaire est parfaite, ces écologistes la considèrent comme un choix réaliste. Ils soutiennent que toute voie vers un avenir énergétique durable doit comprendre une source d’énergie à faible coût et à faibles émissions de carbone permettant d’accroître facilement la production. Dans l’état actuel de la technologie, la filière nucléaire est la seule qui comporte ces caractéristiques.
De nombreux scientifiques appuient leur position. Parmi ces partisans du nucléaire, le plus connu est peut-être James Hansen, professeur au Département des sciences de la Terre et de l’environnement à l’Université Columbia et ancien directeur de l’Institut Goddard pour les études spatiales de la NASA. En 2013, M. Hansen et trois autres scientifiques ont publié une lettre ouverte à l’intention des opposants à l’énergie nucléaire qui ont une influence sur la politique environnementale pour les inviter à revenir sur leur position. James Hansen a aussi diffusé une vidéo expliquant les avantages des centrales nucléaires de conception moderne sur le plan environnemental.
Une lettre d’appui ayant une plus grande portée encore a été publiée un an plus tard. Deux scientifiques australiens, le professeur Barry Brook, titulaire de la Chaire sur la pérennité de l’environnement à l’Université de la Tasmanie, et le professeur Corey Bradshaw, titulaire de la Chaire Sir Hubert Wilkins sur le changement climatique à l’Université d’Adelaïde, ont rédigé une lettre ouverte aux écologistes concernant l’énergie nucléaire, qui a été signée par 75 éminents spécialistes de l’environnement de six continents.
La lettre souligne l’importance des sources d’énergie renouvelable, mais aussi les problèmes concrets de coût, de matériel, d’aménagement du territoire et de capacité d’évolution en fonction de la demande croissante. Ces problèmes font en sorte que l’on s’exposerait à un risque trop élevé en s’en remettant à ces filières comme seules solutions de remplacement des combustibles fossiles. Les auteurs de la lettre prônent également une approche fondée sur des données probantes pour évaluer les avantages des diverses sources d’énergie au lieu de se fier à ce qu’ils appellent des « perceptions idéalistes ». La lettre souligne également que « la filière nucléaire — du fait qu’il s’agit, et de loin, de la source d’énergie la plus dense et la plus compacte – pourrait aussi apporter une contribution majeure, voire la plus importante de toutes. »
Le débat sur le climat est fondé sur une opinion de plus en plus répandue parmi les scientifiques, selon laquelle le changement climatique est bien réel et découle de l’activité humaine. Maintenant que nous avons établi que le problème est réel, il est important de conserver les données probantes à l’esprit lorsque nous discutons des mesures à prendre pour assurer notre avenir. Et l’énergie nucléaire fait partie de la solution.