Les emplois dans le secteur nucléaire sont-ils de qualité?
Lorsque Jo-Anne Usher a obtenu un poste d’employée de bureau à la centrale nucléaire Darlington en 1989, son père était inquiet. « Papa me disait de ne pas travailler à la centrale, mais c’était le premier endroit où je voulais travailler, explique Mme Usher, qui fait partie d’une famille de travailleurs de l’automobile. Il ne comprenait pas la formation que je recevais. Mais, au fil du temps, j’ai pu lui montrer qu’il était moins dangereux de travailler à la centrale que dans l’industrie automobile. » Après une longue et brillante carrière, Jo-Anne Usher a pris sa retraite en mars 2015.
Les emplois de longue durée sont une particularité de l’industrie. Les grands projets, comme la remise à neuf de 10 réacteurs nucléaires en Ontario, devraient procurer un emploi à quelque 10 000 personnes pendant environ 11 ans. Les centrales elles-mêmes génèrent des milliers d’emplois et continueront de le faire durant des dizaines d’années.
D’après Mme Usher, travailler dans la même industrie pendant des dizaines d’années, ce n’est pas forcément monotone : « C’est un milieu de travail formidable. On a un bon salaire et on peut toujours changer de poste. » Et c’est ce qu’elle a fait. À ses débuts comme préposée à l’entretien des ouvrages civils, elle balayait les planchers. Elle s’est ensuite occupée de la manutention du combustible et de la décontamination et a fini sa carrière dans le domaine de l’entretien et de la mise à niveau des systèmes de centrales. Tout au long de son cheminement professionnel, Jo-Anne Usher a participé à des groupes comme Women in Nuclear et le Conseil canadien des travailleurs du nucléaire et a rencontré d’autres travailleurs du nucléaire au pays et à l’étranger. Elle a également été déléguée syndicale pour le Syndicat des travailleurs et travailleuses du secteur énergétique pendant la majeure partie de sa carrière.
La famille Usher en est arrivée à appuyer sa décision. D’ailleurs, la fille de Mme Usher a même suivi ses traces – elle est opératrice à la centrale Pickering.
À l’heure actuelle, on compte au moins une « famille du nucléaire » de quatre générations.
Larry Alderdice est mécanicien d’entretien et délégué syndical en chef pour le Syndicat des travailleurs et travailleuses du secteur énergétique à la centrale Bruce Power, où il travaille depuis 30 ans. Son grand-père faisait partie du personnel de métier à Énergie atomique du Canada ltée. Ses parents ont travaillé tous les deux sur le site du premier réacteur nucléaire canadien. Et sa femme est adjointe administrative à Bruce Power. Sa fille et le fiancé de cette dernière travaillent aussi à la centrale.
Alderdice a commencé sa carrière dans le domaine de l’entretien mécanique à la centrale Bruce. Il s’est impliqué au sein du Syndicat des travailleurs et travailleuses du secteur énergétique au début des années 1990, puis il a été élu au conseil d’administration du Syndicat comme représentant sectoriel en 2004. Au fil des années, il a été témoin de nombreux changements, par exemple le transfert de propriété de la centrale et la remise à neuf de deux réacteurs. D’après lui, la présence d’un syndicat apporte une certaine stabilité en période de changement : « Nous prenons les mesures voulues pour assurer le succès de l’exploitation au cours des 30 ou 40 prochaines années », précise Larry Alderdice.
Et l’arrangement est bénéfique pour M. Alderdice également. « L’industrie a été généreuse pour ma famille, depuis l’époque de mon grand-père, explique-t-il. Nous vivons à un bel endroit – c’est une petite ville, mais qui offre toutes les commodités. Et l’industrie est assez professionnelle pour permettre de redonner à ses membres une partie de ses bénéfices. Il a hâte au projet de remise à neuf et espère y participer avant son départ à la retraite, d’autant plus que cela créera davantage d’emplois pour une autre génération de travailleurs du nucléaire. »