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Grands projets d’infrastructure à risque élevé

May 21, 2015

mai 2015

Editorial - InfrastructureLe gouvernement de l’Ontario estime que la remise à neuf de 10 des 18 réacteurs nucléaires de la province s’avère la meilleure avenue pour assurer un approvisionnement en électricité fiable à prix abordable pendant des dizaines d’années à venir. Cela s’explique en grande partie par le fait que l’électricité d’origine nucléaire sans émissions de carbone coûtera encore moins cher que celle produite par les filières solaire, éolienne ou gazière – même en prenant en compte le coût des travaux.

Mais les opposants au projet demandent quel sera le coût réel de ces travaux. Leurs préoccupations découlent des dépassements de coûts observés dans le cadre des projets de remise à neuf antérieurs – et du fait que les grands projets d’infrastructure, qu’il s’agisse de construire des ponts ou des barrages hydroélectriques, excèdent généralement le budget prévu.

Toutefois, si l’on examine de plus près les causes des retards sur le calendrier et des dépassements de coûts dans les projets de cette nature, tout indique que l’on devrait pouvoir mener à bien la remise à neuf des centrales nucléaires ontariennes selon le calendrier et le budget prévus.

Le défi des travaux uniques en leur genre

Le défi inhérent à de nombreux grands projets d’infrastructure tient à leur caractère unique, qui peut engendrer une certaine complexité. Certains projets tirent parti d’améliorations apportées aux matériaux ou à la technologie, mais ces facteurs mêmes nécessitent aussi de nouvelles conceptions, une formation supplémentaire et une coordination accrue entre les intervenants. Tout cela augmente le coût du projet et le temps à y consacrer.

Mais il s’agit également d’une possibilité à exploiter. Grâce au retour d’expérience et à l’ingéniosité, certaines activités portant sur l’infrastructure ont fini par devenir presque banales. Par exemple, en 2014, la Ville d’Ottawa a remplacé en une seule nuit le pont d’étagement de l’avenue Lees pesant 2 100 tonnes. Une vidéo montrant les travaux en accéléré est devenue virale.

Quel est le lien avec les projets de remise à neuf?

La remise à neuf les centrales nucléaires de l’Ontario prendra plus de temps que le remplacement d’un pont d’étagement. Toutefois, les équipes techniques utiliseront de l’équipement que l’on connaît à fond et dont le fonctionnement repose sur des principes parfaitement compris. Il s’agit d’une mise à niveau, et non d’un projet expérimental. Et les équipes chargées des travaux ont maintenant acquis énormément d’expérience grâce au savoir-faire cumulatif de l’industrie.

Tout d’abord, Bruce Power a déjà remis à neuf deux réacteurs. Ce projet a montré à quel point l’équipe en a tiré des leçons : pour le deuxième réacteur, elle a effectué plusieurs tâches beaucoup plus rapidement. Ainsi, le délai d’exécution du remplacement du deuxième générateur de vapeur et de l’enlèvement des tubes de calandre a été réduit respectivement de 57 % et 77 % par rapport aux travaux portant sur le premier réacteur. Bruce Power a ensuite mené à bien en 2011 un autre projet de prolongement de la durée de vie de l’un des réacteurs selon le calendrier et le budget prévus.

Dans le cas du premier projet de remise à neuf, les réacteurs avaient été à l’arrêt pendant 17 ans. C’était comme démarrer une voiture de collection qui n’était pas sortie du garage depuis longtemps – une voiture vraiment formidable, mais qui n’avait pas servi. Dans un premier temps, les ingénieurs devaient évaluer exactement l’état des réacteurs avant de procéder aux travaux. En revanche, les prochains travaux de remise à neuf de Bruce Power porteront sur des réacteurs actuellement en exploitation qui fonctionnent bien et la plus grande partie de la planification s’y rapportant a déjà été faite.

Chaque activité que Bruce Power devra effectuer sur le site sera une répétition d’une activité qui a déjà été menée à bien. Il s’agit de travaux connus. La remise à neuf met l’accent sur deux éléments clés – remplacer les générateurs et les tubes de force des réacteurs. On a déjà testé chaque activité nécessaire pour y parvenir et défini sa portée.

De même, la planification suit son cours depuis longtemps à la centrale Darlington. Ontario Power Generation (OPG) est en bonne voie d’obtenir toutes les approbations réglementaires requises, d’accorder les contrats pour le projet, de tester les outils, de former le personnel et d’établir un calendrier détaillé et un budget pour lequel tous les fonds ont été engagés bien avant le début de l’exécution du projet en 2016. D’après OPG, « après avoir consacré six années à la planification, aux inspections et aux analyses comparatives approfondies, acquis 40 ans d’expérience en exploitation et en gestion de projets et mis sur pied un centre de formation et d’essais nucléaires novateur (…), l’entreprise est prête à faire la remise à neuf ». On trouve dans le centre d’essais une maquette grandeur nature de l’enceinte des réacteurs de Darlington. Cette maquette est identique à l’original dans le moindre détail, jusqu’à la courbure exacte de chaque tuyau et aux milliers de composants. Chaque porte, voyant, couloir ou plafonnier est reproduit. Grâce à la maquette, OPG et les entrepreneurs auront la chance d’effectuer les tâches que l’on attend d’eux et de les maîtriser parfaitement avant de travailler sur les réacteurs réels.

En avant toutes!

Le début des travaux de remise à neuf ne marquera pas la fin de l’apprentissage. Chaque équipe chargée d’un système est bien résolue à tirer des leçons et à les mettre à profit par la suite. C’est l’une des raisons pour lesquelles la remise à neuf des 10 réacteurs sera échelonnée sur une période de 15 ans.

En outre, les projets de remise à neuf nous donnent l’occasion d’ améliorer les systèmes et les matériaux des centrales. À Darlington, en plus de remplacer les composants des réacteurs, on effectuera de très vastes travaux d’entretien, de mise à niveau et de remise à neuf d’autres systèmes importants de la centrale, par exemple les turbogénérateurs, l’équipement de manutention du combustible et d’autres systèmes nucléaires ou classiques et systèmes de sûreté. De plus, comme l’industrie a beaucoup appris sur la réaction des matériaux au rayonnement depuis l’entrée en service de la centrale Bruce Power, les équipes remplaceront certaines pièces, par exemple en installant de nouveaux canaux de combustible et générateurs de vapeur faits de matériaux plus robustes, sûrs et durables.

Enfin, le gouvernement de l’Ontario s’est assuré que les contrats lui permettront de limiter, voire d’interrompre les travaux en cas de dépassement de coûts. Cette mesure devrait inciter grandement les exploitants et les entrepreneurs à rester sur la bonne voie.

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