Mot d’ouverture au Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles

June 1, 2010

Mot d’ouverture par Denise Carpenter, présidente et chef de la direction, Association nucléaire canadienne
au Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles
le 1 juin 2010

Bonjour,

Je m’appelle Denise Carpenter. Je suis très heureuse d’avoir la possibilité de me présenter aux membres du Comité et de présenter de nouveau l’Association nucléaire canadienne à plusieurs d’entre vous. Il y a tout juste six mois que j’occupe le poste de présidente et chef de la direction de l’ANC et je suis encore en pleine période d’apprentissage. Heureusement, j’ai un bon bagage dans le secteur de l’énergie, tout récemment en tant que membre de l’équipe de direction d’EPCOR, à Edmonton.

L’ANC compte environ 95 membres qui représentent l’ensemble de l’industrie nucléaire, notamment des entreprises de production d’électricité, des fabricants, des sociétés d’extraction d’uranium et de traitement du combustible, des syndicats, des sociétés d’ingénierie et des universités.

Notre vision consiste à tirer parti des possibilités offertes par la renaissance du nucléaire à l’échelle mondiale pour créer et maintenir une industrie nucléaire vigoureuse, dynamique et en plein essor. On compte actuellement dans le monde 438 réacteurs en exploitation, 54 en construction et plus de 450 prévus ou à l’étude. Notre industrie veut être un acteur mondial et créer de la richesse économique ainsi que des milliers d’emplois très rémunérateurs pour les Canadiens.

En matière d’innovation et de réalisations dans le domaine nucléaire, le Canada occupe dans l’histoire une place unique en son genre. Aujourd’hui, notre travail consiste à faire fond sur ces réalisations exceptionnelles en nous tournant vers l’avenir pour assurer notre croissance. En expliquant pourquoi le nucléaire est important maintenant plus que jamais, une courte vidéo que nous avons récemment élaborée vous donnera un aperçu de la situation dans laquelle s’inscrivent mes propos.

Eh bien, vous avez été bombardés d’information. Pour vous aider à assimiler les faits, j’aimerais prendre quelques minutes pour bien situer l’industrie nucléaire canadienne dans le contexte de la politique publique. Permettez-moi de vous livrer quatre messages clés qui résument la présentation PowerPoint qui vous a été remise.

Premièrement, l’industrie nucléaire canadienne est très vaste. L’énergie nucléaire assure 15 % de la production d’électricité au Canada et 55 % en Ontario. Notre industrie crée beaucoup d’emplois directs et indirects – plus de 70 000 emplois spécialisés et très rémunérateurs. Le Canada, ou plus précisément la Saskatchewan, est le deuxième producteur d’uranium dans le monde. Il comble 20 % du marché mondial. Nous sommes aussi un chef de file mondial des technologies de médecine nucléaire. Et nous disposons d’installations de recherche ultramodernes à Chalk River.

Mais la taille de l’industrie n’est pas le seul aspect primordial. Mon deuxième message, c’est que le nucléaire est important du point de vue de l’économie, de l’environnement et de la politique de santé publique. Essentiellement :

  • L’industrie nucléaire est particulièrement abordable et concurrentielle – il s’agit d’une source d’énergie à faible coût. Son coût est concurrentiel par rapport à celui du charbon et du gaz naturel et bien moins élevé que celui des deux sources d’énergie renouvelable les plus prometteuses, à savoir les filières éolienne et solaire. Par ailleurs, le nucléaire entraîne des coûts d’investissement élevés qui ont des retombées économiques considérables.
  • L’énergie nucléaire est un gage de sécurité, de sûreté, de stabilité et de fiabilité. Le simple fait que l’électricité d’origine nucléaire est propre et sans émissions constitue peut-être l’atout le plus précieux compte tenu des préoccupations actuelles concernant le changement climatique et la protection de l’environnement. Il n’y a pas de comparaison possible avec les autres filières de production d’électricité qui répondent à la demande de base.
  • L’énergie nucléaire ne se limite pas à la production d’électricité, loin de là. Au Canada, elle est aussi l’élément clé de technologies vitales utilisées pour la lutte contre le cancer, le diagnostic et le traitement de maladies, la stérilisation des fournitures médicales et l’irradiation des aliments, le dessalement de l’eau de mer et d’autres technologies nouvelles. Rien ne surpasse le centre de recherche nucléaire canadien de Chalk River. Le réacteur NRU d’EACL, à Chalk River, a assuré la moitié de la production mondiale de radio-isotopes médicaux.

Mon troisième message, c’est que vous devez concentrer votre attention sur le nucléaire dès maintenant. L’industrie canadienne entre dans une période d’incertitude sans précédent en raison de la vente prévue d’EACL. Les réacteurs CANDU ont connu un succès remarquable, mais leur avenir est menacé, comme tous les emplois et toutes les entreprises connexes. Cette vente pourrait avoir des répercussions imprévues sur la chaîne d’approvisionnement nucléaire du Canada, voire sur l’avenir de l’industrie nucléaire canadienne dans son ensemble.

Notre association est consciente des raisons qui ont amené le gouvernement fédéral à prendre la décision de vendre les actifs de production nucléaire d’EACL, mais nous l’exhortons à examiner les conséquences possibles sur le reste de l’industrie nucléaire canadienne et à prendre les mesures qui s’imposent. Cette vente doit absolument faire progresser l’industrie ainsi que les centaines d’entreprises canadiennes faisant partie de la chaîne d’approvisionnement de la filière CANDU et rendre cette chaîne encore plus concurrentielle. On ne doit pas courir le risque de connaître les malheurs qui ont frappé d’autres pays après la vente de leurs principaux actifs de production nucléaire.

C’est ce qui m’amène à mon quatrième et dernier message à votre intention. Le gouvernement a un rôle déterminant à jouer en établissant le cadre voulu pour assurer une croissance soutenue de notre industrie nucléaire.

  • Le gouvernement devrait maintenir notre cadre réglementaire solide et prévisible sous l’égide de la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
  • Le gouvernement devrait s’engager de nouveau en faveur de nos activités de recherche-développement enviables pour stimuler une innovation soutenue.
  • Le gouvernement devrait soutenir et renforcer notre capacité en matière d’éducation et de formation axée sur les compétences au sein des universités et des collèges de toutes les régions du Canada.
  • Le gouvernement et l’industrie devraient augmenter la puissance du parc nucléaire canadien pour la porter à 18 000 MW d’ici 2025 en remettant à neuf des installations d’une puissance de 12 000 MW et en construisant de nouvelles centrales de 6 000 MW.
  • Le gouvernement devrait accroître de façon responsable l’extraction, la production et la concentration d’uranium au Canada.
  • Et, enfin, le gouvernement devrait présenter l’énergie nucléaire en tant que filière propre et en faire une pierre angulaire d’une stratégie nationale de réduction des émissions de gaz à effet de serre et des polluants atmosphériques attribuables aux centrales à combustible fossile.

Je vous remercie pour le temps et l’intérêt que vous m’avez accordés. J’aimerais maintenant lancer la discussion et tenter de répondre à vos questions.

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