Le nucléaire, un poids lourd dans la lutte contre l’obésité
Pendant des siècles, la faim et le manque de nourriture étaient à la norme pour la population en général.
Le surpoids et l’obésité étaient considérés comme symbole de richesse et de prospérité. Ce n’est qu’avec l’amélioration des techniques agricoles et industrielles, au XVIIIe siècle, que le nombre de personnes en surpoids a commencé à augmenter.
Un article du Baylor College of Medicine sur l’histoire de l’obésité paru en 2006 explique que « la rareté des aliments tout au long de l’histoire avait amené à penser qu’être gros était une bonne chose et qu’être corpulent et bien en chair était désirable, comme en témoignent les représentations artistiques, la littérature et l’opinion des médecins à travers les temps ».
Près de 200 ans plus tard, le surpoids et l’obésité ne sont plus valorisés et on se trouve face à une véritable épidémie qui touche autant les pays développés que les pays en développement.
En 1997, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a reconnu que l’obésité atteignait des proportions d’épidémie mondiale alors que le taux d’obésité augmentait dans des pays comme le Mexique, le Brésil, la Chine et la Thaïlande.
« Le surpoids et l’obésité représentent une menace grandissante pour la santé des populations dans un nombre croissant de pays, déclare l’OMS dans une étude menée en 2000. En effet, ces problèmes sont aujourd’hui si fréquents qu’ils prennent la place d’affections plus traditionnelles telles que la dénutrition et les maladies infectieuses en tant que principales causes de mauvaise santé. »
Aujourd’hui, on utilise la technologie nucléaire dans la lutte contre l’obésité infantile, qui est passée de 4,2 % à 6,7 % de la population entre 1990 et 2010. En Europe et en Asie centrale, un enfant de 11 ans sur trois est en surpoids ou obèse, selon l’OMS. En outre, le problème est plus grave dans les pays en développement. Sur les 42 millions d’enfants de moins de 5 ans en surpoids, 31 millions vivent dans les pays en développement.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) appuie maintenant les efforts visant à utiliser des techniques isotopiques pour mieux mesurer la composition corporelle et les dépenses énergétiques afin de déterminer le rôle des changements au mode de vie dans la lutte contre l’obésité infantile. La composition corporelle est évaluée en utilisant la technique de dilution du deutérium par la spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier (FTIR).
Par l’intermédiaire de son Programme de coopération technique, l’AIEA a fourni de l’équipement FTIR aux autorités de l’Albanie, de la Bosnie-Herzégovine, de Grèce, et du Monténégro, afin d’aider à analyser l’enrichissement en deutérium dans des échantillons de salive.
À l’European Congress on Obesity, qui s’est déroulé au mois de mai, l’AIEA a proposé un symposium intitulé « Évaluation de la composition corporelle pour mieux comprendre les risques associés à l’obésité infantile et pour élaborer des interventions efficaces », qui visait à expliquer le rôle des techniques isotopiques.
Comment fonctionne la technologie?
Une personne boit une quantité déterminée d’eau non radioactive enrichie en deutérium, isotope stable de l’hydrogène. Après quelques heures, l’isotope s’est répandu dans le liquide corporel, dont on peut prélever un échantillon sous forme de salive ou d’urine. L’enrichissement en deutérium qu’on retrouve dans la salive est mesuré au moyen de la FTIR ou d’un spectromètre de masse à rapport isotopique (IRMS). Comme la quantité de deutérium est connue, le volume total de liquide corporel peut être calculé à partir de l’enrichissement. En partant du principe que la graisse ne contient pas d’eau, les scientifiques peuvent déterminer de façon précise la proportion corporelle de tissus adipeux et non adipeux.
« Cette technique nucléaire est précise et sans danger pour tous les groupes d’âge, elle n’est pas associée à des risques d’irradiation et elle convient pour une utilisation sur le terrain », selon l’AIEA.