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L’arrière-petite-nièce d’Harriet Brooks inspirera la prochaine génération de femmes en science

October 8, 2018

Harriet Brooks, première physicienne nucléaire canadienne

Harriet Brooks a été la première femme physicienne nucléaire canadienne. Elle aura travaillé comme étudiante diplômée avec M. Ernest Rutherford à l’Université McGill, au début du 20e siècle.

Elle figure aussi parmi les premières personnes à découvrir le radon et à tenter de déterminer sa masse atomique.

Bien connue des milieux du nucléaire canadiens, Mme Brooks n’est toutefois pas aussi connue que Marie Curie, sous la supervision de qui elle aura brièvement travaillé.

Bien que les Laboratoires nucléaires canadiens aient récemment rebaptisé un laboratoire de recherche nucléaire de Chalk River en son nom et qu’elle soit membre du Panthéon canadien des sciences et du génie, Harriet Brooks n’a pas marqué la culture hors des milieux universitaire et scientifique comme l’a fait Marie Curie, qui a par exemple reçu un Google Doodle le jour de son anniversaire.

Aujourd’hui, 85 ans après son décès, une de ses descendantes essaie de braquer les projecteurs sur son histoire.

WONDER est une production théâtrale en pleine création sur les barrières de genre auxquelles Mme Brooks a été confrontée. Il s’agit de la première pièce écrite par l’actrice canadienne Ellen Denny, arrière-petite-nièce de Mme Brooks.

« À travers ce projet, explique Denny, j’espère rendre hommage aux innombrables femmes dans les sciences qui sont passées sous silence et motiver celles qui continuent de lutter pour l’égalité des sexes. C’est aussi pour moi un grand objectif de jeter des ponts entre cette histoire scientifique et la pièce d’Harriet Brooks et la communauté scientifique contemporaine », ajoute-t-elle.

Ouverture de l’édifice Harriet-Brooks aux Laboratoires nucléaires canadiens

Mme Brooks a troqué le monde de la physique au sommet de sa carrière pour le mariage afin de jouer son rôle de femme au foyer et de mère.

Au cours d’une interview accordée au magazine Maclean’s Geoff Rayner-Canham, professeur de chimie à la Memorial University de Terre-Neuve qui a écrit sur Mme Brooks, a expliqué pourquoi elle a quitté le monde de la science.

« Elle s’est fiancée à un physicien du Barnard College, un ancien collège pour femmes aux États-Unis, et elle a raconté à la doyenne qu’elle envisageait de se marier. Cette dernière lui a renvoyé une lettre disant qu’elle ne voulait pas de quelqu’un qui relègue son travail au second plan dans son département, mais qu’elle ne pensait pas qu’il était approprié pour une femme mariée de faire passer sa carrière avant sa famille. »

Alors qu’on pourrait attribuer le vécu de Brooks aux mœurs sociales de l’époque, Denny croit que son histoire a ceci de pertinent qu’elle reflète les barrières encore présentes aujourd’hui pour les femmes qui concilient carrière et famille.

Ellen Denny, actrice canadienne

Dans une vidéo bien faite sur la page de sa campagne Kickstarter lancée pour financer la production, Denny énumère quelques statistiques actuelles sur le genre et la science. Par exemple, en 2010, les facultés de physique dans les universités canadiennes comptaient seulement 12,4 pour cent de femmes. En outre, seuls 30 pour cent de femmes suivaient des cours de physique au secondaire, contre 60 pour cent d’hommes.

Denny précise : « La pièce WONDER est l’occasion de jeter des ponts entre les communautés scientifique et artistique, mais aussi d’amorcer le débat sur la façon de créer des milieux de travail offrant une égalité de chances à tous. »

Jusqu’ici, les réactions au projet de Denny sont positives. Sa campagne Kickstarter pour financer un atelier de la pièce a permis de récolter plus de 2 000 $, soit près du triple de son objectif initial.

Avant de passer à la production pour la première de WONDER, il faut consacrer un peu de temps au « labo », ce qu’on appelle un « atelier » au théâtre. Une semaine de création de scénario en studio et d’exploration en personne avec une équipe d’artistes professionnels est ainsi prévue pour le début de 2019; Denny travaille d’ailleurs d’arrache-pied pour réunir les fonds nécessaires à cette prochaine étape cruciale.

Vous pouvez suivre l’évolution de WONDER sur Twitter et #WonderThePlay.

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