La croissance des énergies renouvelables ne suffit pas
Selon un nouveau rapport publié en juin, les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 1,6 % en 2017, en dépit de la hausse considérable de la production d’électricité renouvelable.
Le Statistical Review of World Energy de BP souligne que l’augmentation des émissions en 2017 survient après trois ans de faible hausse ou de stabilité des émissions.
« La demande d’énergie augmente de nouveau, tandis que les gains de rendement énergétique ont diminué, que la consommation de charbon a augmenté pour la première fois en quatre ans et que les émissions de CO2 provenant de la consommation d’énergie sont en hausse », écrit Bob Dudley, directeur général de BP.
Il constate également à quel point le bouquet énergétique a peu changé de manière générale à long terme.
« Malgré la croissance extraordinaire des énergies renouvelables ces dernières années et d’immenses efforts sur le plan des politiques pour encourager à passer du charbon à des combustibles à plus faible teneur en carbone, il n’y a eu pratiquement aucune amélioration dans les sources de combustible du secteur énergétique au cours des 20 dernières années, explique Spencer Dale, économiste en chef de BP. En 1998, la part du charbon dans le secteur de l’énergie était de 38 %, soit exactement la même qu’en 2017, avec un légère baisse ces dernières années qui n’a fait qu’annuler la hausse du début des années 2000 associée à la croissance rapide de la Chine. »
En gros, cela nous rappelle l’histoire de l’Energiewende (transition énergétique) en Allemagne, où les énergies renouvelables ont seulement compensé la production nucléaire abandonnée, mais n’ont pas fait baisser les émissions provenant du charbon, au contraire.
« En réalité, la part des énergies non fossiles a légèrement diminué en 2017 par rapport à il y a 20 ans, car la croissance des énergies renouvelables n’a pas fait contrepoids à la diminution de la part de l’énergie nucléaire. J’ignorais que si peu de progrès avaient été réalisés jusqu’à ce que je regarde ces données », conclut M. Dale.
En réaction au rapport de BP, Michael Shellenberger, fondateur d’Environmental Progress, écrit dans le magazine Forbes : « Mon organisme, Environmental Progress, a été le premier à alerter le monde sur les conséquences de la diminution de la part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité pour les efforts engagés dans la lutte contre les changements climatiques. Depuis deux ans, les défenseurs des énergies renouvelables affirment que les énergies solaire et éolienne peuvent compenser cette diminution. Or, les nouvelles données de BP prouvent encore une fois que c’est impossible. »
Voici d’autres observations importantes tirées du rapport de BP :
- La consommation d’énergie a grimpé de 3,1 % en Chine. Le marché chinois de l’énergie est celui qui a enregistré la plus forte croissance, et ce pour la 17eannée consécutive.
- La production mondiale de charbon a augmenté de 3,2 %, soit le taux de croissance le plus élevé depuis 2011.
- La production d’énergie nucléaire a crû de 1,1 %. La croissance enregistrée en Chine et au Japon a été en partie compensée par des baisses en Corée du Sud et à Taïwan.
- La production d’énergie a augmenté de 2,8 % et cette croissance tient presque exclusivement aux économies émergentes (94 %).
La production d’énergie est demeurée relativement stable dans les pays de l’OCDE depuis 2010.