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Une approche nucléaire dans la lutte contre le cancer pourrait sauver des vies

May 24, 2017

Gord Downie, le chanteur du groupe Tragically Hip, est peut-être la personne la plus célèbre atteinte d’un glioblastome, mais le cancer du cerveau touche en réalité des centaines de milliers de familles chaque année. Selon la Société canadienne du cancer, le pronostic de ce cancer est assez sombre, le taux de survie à cinq ans étant de seulement quatre pour cent chez les patients âgés de 45 à 54 ans.

Il existe toutefois une lueur d’espoir. De nouvelles recherches en médecine nucléaire ciblent les cancers comme le glioblastome par une approche « interne », pour offrir aux patients une nouvelle chance. À la différence de la radiothérapie traditionnelle, qui attaque les cellules cancéreuses de l’extérieur, les isotopes émetteurs alpha, de petits mais puissants guerriers, combattent le cancer depuis l’intérieur et détruisent les tissus malades tout en protégeant les tissus sains.

« C’est une solution miracle pour les gens qui travaillent dans le domaine du cancer, car elle a pour avantage d’épargner les tissus sains et de détecter et éliminer les petites tumeurs », explique le Dr Tom Ruth, conseiller spécial émérite, TRIUMF.

Francois Benard, Paul Schaffer and Tom Ruth at the BC Cancer Agency. Courtesy: TRIUMF

Récemment, l’Université de médecine de Varsovie a surpassé plus de 2 000 autres candidats, remportant le prix Marie Curie de l’EANM, la société européenne de médecine nucléaire, pour son travail sur les traitements par émetteurs alpha. Ses travaux de recherche révèlent que les traitements en question pourraient prolonger de près de deux ans la vie des patients atteints d’un cancer du cerveau, par comparaison avec d’autres patients non traités par rayonnement alpha. Les isotopes émetteurs alpha, à la différence des émetteurs bêta, ont plus d’énergie et ne peuvent parcourir que de faibles distances, ce qui en fait des alliés idéaux pour lutter contre le cancer.

« Comme les particules alpha se déplacent sur de très courtes distances et pénètrent donc peu dans les tissus, les cellules saines ne sont pas détruites », indique Valery Radchenko, chercheur scientifique, TRIUMF.

Les chercheurs du TRIUMF étudient la façon dont les isotopes émetteurs alpha pourraient prolonger la vie des patients atteints d’un cancer, voire les guérir complètement. Le traitement par émetteurs alpha serait particulièrement efficace chez les patients atteints d’un cancer de stade avancé ou métastatique (cancer qui s’est propagé d’une partie du corps à une autre).

« La clé consiste à combiner les particules alpha avec la bonne biomolécule afin de cibler les cellules cancéreuses. Si l’on trouve un moyen d’amener un isotope émetteur alpha jusqu’à une tumeur, on pourrait guérir le cancer », affirme M. Radchenko.

Si le traitement par émetteurs alpha peut représenter un tournant dans la lutte contre le cancer, il reste que les chercheurs ont besoin d’avoir davantage accès aux particules alpha et de collaborer plus étroitement avec le système de santé, afin de réaliser les essais préliminaires nécessaires pour introduire ce type de traitement sur le marché grand public.

« Le grand problème, c’est le manque d’installations pour produire une quantité cliniquement utile d’émetteurs alpha. Comme il n’y en a que quelques-unes dans le monde, ces émetteurs ne sont pas facilement disponibles », souligne M. Radchenko.

L’équipe du TRIUMF estime que les traitements par émetteurs alpha joueront un rôle important à l’avenir. Elle est effectivement persuadée qu’en plus de lutter contre le cancer, les recherches liées à ces traitements aideront également à combattre des infections bactériennes, offrant ainsi à l’industrie des soins de santé de nouveaux outils pour éradiquer certaines des maladies les plus répandues dans le monde.

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