L’avenir du nucléaire au Canada
La discussion entourant l’atteinte des objectifs climatiques énoncés à Paris, dont celui visant à limiter la hausse des températures à 1,5 °C, a de nouveau trouvé un écho au Maroc cette année. Lors de la vingt-deuxième Conférence des Parties (COP22), l’honorable Catherine McKenna, ministre de l’Environnement et du Changement climatique, a annoncé que le gouvernement fédéral investirait des milliards de dollars dans le verdissement du secteur énergétique mondial, dans l’espoir d’atteindre les objectifs climatiques globaux.
« Nous renouvelons notre soutien aux pays en développement (PED), dans le cadre de notre contribution historique de 2,65 milliards de dollars », a indiqué la ministre. « Je suis heureuse d’annoncer que le Canada investira près de 1,8 milliard de dollars en vue d’optimiser les investissements du secteur privé axés sur les solutions en matière d’énergie propre et renouvelable. Nos efforts contribueront à réduire les risques d’investissement et à stimuler les investissements privés dans les marchés émergents. »
L’annonce de la ministre survient en même temps que le gouvernement du Canada (GC) publiait un rapport s’intitulant : Stratégie canadienne de développement à faible émission de gaz à effet de serre à long terme pour le milieu du siècle. Ce rapport, qui énonce les hypothèses d’un avenir reposant sur des énergies plus propres, met en relief le rôle qu’a joué le nucléaire en contribuant au développement d’une filière énergétique plus verte.
On y explique que « le Canada a déjà l’un des réseaux d’électricité les plus propres du monde, avec plus de 80 % de l’électricité générée de sources qui ne produisent pas de gaz à effet de serre comme les technologies hydroélectrique, éolienne, solaire et nucléaire ».
En fait, l’énergie nucléaire propre assure près des deux tiers de la production d’électricité en Ontario. En 2016, Ontario Power Generation (OPG) et Bruce Power ont annoncé un partenariat entre les secteurs public et privé, visant à maintenir cette relation grâce à la réfection des réacteurs nucléaires de la province. Cet investissement pluriannuel permettra de satisfaire aux besoins énergétiques de l’Ontario de façon durable, tout en contribuant à générer des millions de dollars en emplois et en investissements dans la plus grande province du Canada.
« La réfection de la centrale Darlington permettra de s’assurer que le nucléaire sans émissions continuera d’être la principale source d’énergie de l’Ontario. Cette réfection continuera de stimuler l’activité économique en Ontario ainsi que la création d’emplois, et elle permettra d’assurer un approvisionnement fiable en électricité propre pour l’avenir », précise l’honorable Glenn Thibeault, ministre de l’Énergie de l’Ontario.
La décarbonisation de la filière énergétique est un axe de recherche auquel le professeur Andrew Rowe de l’Université de Victoria (Uvic) et ses collègues se sont intéressés. Andrew Rowe est chef du Projet 2060 : des filières énergétiques intégrées pour la Colombie-Britannique et le Canada. Ce projet s’intéresse à la façon dont le Canada et l’Amérique du Nord peuvent harmoniser leurs réseaux de distribution d’électricité, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Neutre à l’égard des technologies, le projet 2060 vise à examiner diverses pistes de solution permettant de bâtir un avenir reposant sur des énergies à faible intensité carbonique.
Selon un rapport récent, le nucléaire figure au nombre des solutions viables sur le plan énergétique pour compenser la non-fiabilité des énergies renouvelables. Dans le cadre du projet 2060, il a été signalé qu’un réseau de distribution électrique alimenté en énergie nucléaire, en 2050, posait moins de risques, était plus économique et produisait moins d’émissions. « Intégrer le nucléaire à l’ensemble des solutions disponibles pour la production d’électricité, en vue de remplacer le charbon, pourrait permettre d’effectuer le passage à la production d’électricité à faible intensité carbonique, en ayant moins d’incidence sur le climat globalement, en réduisant le risque de dépassement des émissions, et ce, à un coût moindre. »
Cette opinion a également été exprimée par le gouvernement du Canada dans un rapport provisoire faisant état de la fiabilité, des coûts et des avantages que présente l’énergie nucléaire, et soulignant l’importance que revêt l’industrie nucléaire canadienne aujourd’hui comme demain.