Le nucléaire au service de la lutte contre le virus Zika
juillet 2016
Une équipe d’experts à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) lance un nouveau projet pour lutter contre Zika, et c’est complètement nucléaire.
Plus de 1 million de personnes ont déjà été touchées par le virus Zika, et environ 2,2 milliards de personnes vivent dans des zones à risque.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré un état d’urgence mondiale par rapport au virus plus tôt cette année alors qu’il continue de se propager en Amérique du Nord. Plus de 6 000 cas ont déjà fait surface aux États-Unis avec 15 cas signalés jusqu’à présent dans la région de Miami, et ce numéro va sûrement augmenter.
Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) aux États-Unis ont émis un avertissement aux voyageurs historique aux femmes enceintes d’éviter un quartier au nord du centre-ville de Miami où le virus se répand. Ceci marque la première fois en 70 ans que le gouvernement des É.-U. a émis un tel avertissement. Le virus a été lié aux dommages cérébraux chez les bébés et, selon des chercheurs français, peut aussi mener à des infections au cerveau chez les adultes.
Le virus Zika n’est pas nouveau. Il a été découvert pour la première fois en Ouganda dans les années 1940 et porte le nom de la forêt où il a été trouvé. Selon le CDC, « Zika peut être transmis par des piqûres de moustiques, les rapports sexuels et les transfusions de sang (très possible, mais pas confirmé.), et d’une femme enceinte et son fœtus, » Les symptômes les plus communs de l’infection incluent la fièvre, les éruptions cutanées, les douleurs articulaires et musculaires, les maux de tête et les yeux rouges.
Alors qu’il n’y a pas de vaccin ou de médicament connu pour le Zika, les scientifiques auprès de l’AIEA espèrent combattre la maladie grâce à la technologie nucléaire.
La procédure s’appelle la technique de l’insecte stérile (SIT). Les scientifiques utilisent cette méthode pendant plus de 50 ans pour aider à supprimer ou à éliminer les parasites. Cette procédure sécuritaire et écologique utilise la radiation pour rendre les insectes mâles infertiles. C’est la première fois que la méthode SIT est utilisée pour lutter contre une maladie humaine.
« Pensez-y comme une méthode de contraception. Nous produisons des moustiques mâles stériles en utilisant de la radiation qui stérilise le sperme du moustique », nous dit Rosemary Lees, une entomologiste médicale avec l’AIEA. « Lorsque nous relâchons une grande quantité de ces mâles, nous envahissons une région avec des mâles stériles pour que les femelles sauvages soient davantage susceptibles de s’accoupler avec eux ».
Vu que les moustiques femelles ne s’accouplent qu’une fois, s’accoupler avec des mâles infertiles arrêterait la reproduction des moustiques Aedes.
La méthode SIT s’appuie sur une substance connue sous le nom de cobalt 60, un isotope radioactif qui est utilisé présentement pour stériliser 40 % des appareils médicaux. Au Canada, le cobalt 60 est récolté de Bruce Power et transformé par Nordion.
« Le cobalt 60 de nos réacteurs joue déjà un rôle majeur dans la stérilisation sécuritaire des matériels médicaux à usage unique, et maintenant qu’il aide à arrêter la propagation des maladies comme le virus Zika, la population mondiale continue d’en bénéficier », annonce James Scongack, vice-président des opérations, Bruce Power. « Nous avons hâte de travailler avec Nordion afin de continuer la récolte de cobalt 50 durant nos arrêts prévus pour l’entretien afin d’aider à prévenir la propagation des maladies à travers le monde ».
La deuxième moitié du programme comprend une connaissance de l’environnement des moustiques sauvages en attrapant des moustiques. L’idée est que, si les chercheurs savent le montant de moustiques sauvages qui existe, ils sauront le montant à relâcher. Nous espérons que si assez de moustiques sauvages sont attrapés et ceux qui sont stériles s’accouplent, la propagation du virus arrêtera.
« Nous essayons d’enlever le vecteur. Pensez à la transmission du Zika comme un triangle : la personne, le virus et le moustique. En enlevant un des trois, nous pouvons arrêter la transmission », selon Jeremie Gilles, chef du groupe de moustiques de l’AIEA.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le virus Zika comme une urgence de santé publique. C’est seulement la quatrième fois que cela arrive depuis que le Règlement sanitaire international a été mis en place en 2007.
L’AIEA, en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a prévu plus de 2 millions d’euros pour aider à combattre le Zika en Amérique latine et dans les Caraïbes où près de 4 millions de personnes pourraient être infectées cette année. Grâce à l’utilisation de la technologie nucléaire, la science pourrait être capable d’arrêter la propagation de cette maladie qui risque de devenir bientôt une épidémie globale.