L’énergie nucléaire et le changement climatique
Les scientifiques de l’environnement n’y vont pas par quatre chemins: Le monde doit éliminer pratiquement toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2100 pour limiter le réchauffement en surface à deux degrés de plus que les niveaux d’avant l’ère industrielle.
Comment y parviendra-t-on et de quelle façon l’énergie nucléaire peut-elle nous aider?
D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le monde doit freiner avant tout le rythme de croissance des émissions de GES pour ensuite réduire les émissions de façon dramatique.
Pour freiner la croissance des émissions d’ici 2020, l’AIE recommande cinq mesures :
- Accroître l’efficacité énergétique dans les secteurs de l’industrie, des immeubles et des transports.
- Réduire le recours aux centrales thermiques alimentées au charbon qui sont les moins efficaces, et interdire la création de nouvelles centrales au charbon.
- Accroître les sommes que le secteur de l’énergie investit dans les énergies renouvelables.
- Éliminer graduellement les subventions destinées à la plupart des utilisateurs finaux de combustibles fossiles d’ici 2030.
- Réduire les émissions de méthane attribuables à la production de pétrole et de gaz naturel.
Pas d’énergie nucléaire? Non, parce qu’il peut falloir dix ans pour construire et démarrer une centrale nucléaire, alors que le plafond de l’AIE repose sur un plan d’une durée de cinq ans.
Cependant, l’AIE fait de l’énergie nucléaire la pierre angulaire de son approche de réduction des GES assortie de l’objectif de deux degrés : Le monde devrait doubler sa production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire d’ici 2040, tout en investissant massivement dans l’énergie renouvelable, ainsi que dans le captage et le stockage du carbone.
Ces trois mesures permettraient de réaliser près des deux tiers des coupures de GES nécessaires d’ici 2040 en plus de placer le monde sur la voie menant à l’objectif de deux degrés.
Il est intéressant de préciser que les activités de captage et de stockage du carbone entraîneraient près de 46 pour cent des coupures, mais à peine cinq pour cent dans le cas des énergies renouvelables. Quant au nucléaire, il permettrait de réaliser 11 pour cent des coupures – soit deux fois plus que les énergies renouvelables.
Est-ce possible? Cette augmentation qu’on propose au niveau de la capacité nucléaire est-elle un tant soit peu réalisable?
L’histoire de la construction des centrales nucléaires nous porte à croire qu’une augmentation aussi ambitieuse de la capacité est plausible. Comme le précise l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le parc nucléaire à l’échelle mondiale s’est accru au quintuple entre 1970 et 1990, alors qu’on a multiplié sa capacité par vingt. Un tel taux de croissance est bien plus élevé que ce que l’AIE demande dans son plan de deux degrés.
L’énergie nucléaire a suscité quelques commentaires lors de la préparation des pourparlers sur le climat de la CDP21 qui auront lieu à Paris. Cependant, sa capacité de contribuer à résoudre le problème du changement climatique est évidente.
En résumé, si le monde souhaite s’attaquer vraiment à la question du changement climatique, le temps est venu de se pencher sérieusement sur l’énergie nucléaire.
Contribution prévue déterminée au niveau nationale |
Scenario «bridge» | Scenario «450» | |
Indice de l’augmentation de temperature à long term (°C) | +3.5 | +2.8 | +2 |
Émissions de CO2 en 2030 par rapport à 2013 | |||
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8 % | -4 % | -21 % |
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0 | -21 % | -47 % |
Production d’électricité totale (TWh) | |||
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27 652 | 26 734 | 26 662 |
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30 454 | 28 672 | 28 255 |
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33 327 | 30 620 | 29 930 |
Production d’électricité nucléaire (TWh) | |||
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3 226 | 3 226 | 3 276 |
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3 600 | 3 598 | 3 894 |
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4 008 | 4 005 | 4 880 |
Puissance nucléaire installée (GW) | |||
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449 | 449 | 456 |
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490 | 490 | 529 |
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542 | 542 | 660 |