Mémoire présenté à la Commission d’examen conjoint pour le projet de construction d’une nouvelle centrale nucléaire

April 2, 2011

Mémoire présenté par Denise Carpenter, présidente et chef de la direction, Association nucléaire canadienne
à la Commission d’examen conjoint pour le projet de construction d’une nouvelle centrale nucléaire
le 2 avril 2011

Bonjour monsieur le président, mesdames et messieurs les commissaires et chers membres de la collectivité ici présents!

Avant d’exposer nos arguments concernant la nouvelle centrale nucléaire prévue sur le site de Darlington, j’aimerais dire quelques mots au nom des 71 000 travailleurs de l’industrie nucléaire canadienne – depuis les employés de notre laboratoire de recherche nucléaire TRIUMF en Colombie-Britannique et de l’installation SLOWPOKE-2 à l’Université de l’Alberta jusqu’aux travailleurs des mines d’uranium de Cameco et d’Areva en passant par les employés du Conseil de recherches de la Saskatchewan et tous les travailleurs de nos centrales nucléaires et les chercheurs en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Nous rendons hommage aux Japonais, qui ont fait preuve d’une résilience et d’un courage remarquables depuis le séisme et le tsunami dévastateurs qui ont frappé le pays il y a trois semaines.

Leurs ressources et leur force d’âme sont mises à rude épreuve par les événements et le seront encore au cours des mois et des semaines à venir. Les Japonais affrontent les difficultés actuelles en faisant preuve de solidarité et de courage.

En tant qu’industrie, nous sommes fiers de notre dossier de sûreté, mais la vigilance est toujours de mise. Bien entendu, nous examinerons minutieusement la tragédie survenue au Japon pour en tirer des leçons afin d’améliorer la sûreté au Canada.

Dans aucune autre industrie, la culture de coopération et d’ouverture qui caractérise notre industrie ne transcende à ce point les frontières nationales et les intérêts commerciaux. Nous considérons qu’un incident nucléaire dans n’importe quelle centrale a des répercussions sur toutes les autres.

C’est pourquoi nous nous sommes regroupés pour mettre en commun nos idées, examiner nos propres centrales et nous pencher sur les leçons tirées de la tragédie que vit le Japon.

Nos membres donnent suite aux requêtes de la Commission canadienne de sûreté nucléaire demandant la prise de mesures et procèdent aux mesures qui s’imposent à la suite d’autres examens. Toutes les données voulues seront soumises d’ici la date d’échéance prévue – le 29 avril.

Au sein de notre industrie, l’examen de la réglementation de sûreté repose sur un processus répétitif systématique. En fait, Darlington est déjà passée à l’histoire en devenant la première centrale nucléaire d’Amérique du Nord à répondre aux exigences rigoureuses de la norme environnementale ISO 14001.

Le processus d’amélioration continue se poursuivra comme il se doit.

Et les centrales nucléaires continueront de devenir plus efficaces et plus sûres.

Depuis les événements qui ont touché le Japon le 11 mars, bien des observateurs mettent en doute la sûreté de l’industrie nucléaire canadienne.

D’entrée de jeu, permettez-moi d’énoncer un fait : quoique la sûreté absolue n’existe pas, le parc nucléaire canadien est sûr.

L’activité sismique dans la région de Durham est faible, tout comme dans la plus grande partie de l’Amérique du Nord. Et la centrale est conçue pour résister à tout séisme prévisible.

La sûreté a toujours été – et elle demeure – la priorité absolue de notre industrie. La culture de la sûreté nucléaire transcende les frontières géographiques. Elle a véritablement une envergure mondiale.

Je reviendrai sur la sûreté dans quelques minutes, mais j’aimerais d’abord vous parler un peu de l’Association nucléaire canadienne.

Notre association représente les 71 0000 travailleurs du milieu nucléaire canadien.

On trouve parmi nos membres des sociétés d’extraction et de traitement de l’uranium, des fabricants, des sociétés d’ingénierie, des services publics d’électricité, des syndicats, des universités et des associations.

La filière nucléaire assure 15 % de la production d’électricité au Canada et plus de 55 % en Ontario.

Et je suis fière d’affirmer que notre industrie affiche depuis plus de 45 ans un dossier exemplaire en matière de santé et de sécurité des travailleurs et de la population.

Mais je suis ici aujourd’hui pour vous parler d’un projet passionnant – la nouvelle centrale nucléaire prévue sur le site de Darlington.

Comme nous le mentionnons dans l’intervention écrite de l’ANC, nous sommes conscients que la Commission d’examen conjoint s’attaque à une lourde tâche.

Mais, compte tenu de l’expérience considérable d’Ontario Power Generation – OPG – en matière d’exploitation et des conclusions favorables de l’énoncé des incidences environnementales, l’ANC estime qu’une décision favorable s’impose à l’issue de l’évaluation environnementale et qu’OPG devrait obtenir l’autorisation de préparer le site pour le projet de Darlington.

Nous estimons que ce projet aidera grandement à faire face à la demande énergétique croissante au Canada. Il fait partie intégrante du plan d’action établi par la province afin de maintenir la puissance installée de son parc nucléaire pour répondre à la demande de base. Le projet est par ailleurs essentiel au maintien de l’approvisionnement en électricité à l’échelle canadienne.

J’aborderai aujourd’hui certaines questions très importantes qui se rapportent à la fois au projet de Darlington et à notre industrie dans son ensemble, à savoir :

  • les retombées économiques du projet;
  • les effets environnementaux du projet et leur atténuation;
  • la sûreté dans le cadre du projet et au sein de notre industrie dans son ensemble.

Mais, avant de commencer, permettez-moi de souligner que notre industrie nucléaire forme vraiment une communauté mondiale. D’ailleurs, les habitants de Clarington, où se trouve la centrale Darlington et où sera construite la nouvelle centrale prévue, le savent mieux que quiconque.

La centrale nucléaire Darlington d’OPG fait partie de cette collectivité depuis plus de 25 ans. Déjà il y a 25 ans, les gens de Clarington avaient la volonté de collaborer avec l’industrie nucléaire. La collectivité a décelé les possibilités d’emplois, de prospérité et de croissance – et elle les a saisies.

Clarington est un exemple de ce que les collectivités peuvent accomplir sur le front du développement énergétique dans toutes les régions du Canada et ailleurs dans le monde.

OPG est depuis le début un partenaire indispensable dans cette vision. Grâce à ses interventions, à ses programmes de sûreté rigoureux et à son engagement envers la collectivité, elle a su préserver la confiance et le respect des gens de Clarington.

Or, je suis convaincue que le passé est garant de l’avenir au chapitre de la performance.

OPG a fait ses preuves. Elle possède l’expérience, les compétences et les systèmes éprouvés voulus pour piloter avec brio le projet de Darlington.

La Loi canadienne de l’évaluation environnementale a notamment pour objet :

« d’inciter [les autorités responsables] à favoriser un développement durable propice à la salubrité de l’environnement et à la santé de l’économie ».

Comme je l’expliquerai tout à l’heure, il ne fait aucun doute que le projet de Darlington va dans ce sens.

Mais pour éviter de faire fausse route, l’élément le plus important dans toutes les décisions cruciales, ce sont les gens et la collectivité. Quelle est la meilleure décision, la bonne décision, pour nos collectivités aujourd’hui et demain?

À mes yeux, la collectivité se résume avant tout aux gens. Il s’agit de tendre la main à notre voisin, dans notre quartier, au travail ou au centre commercial. C’est une question de rapports humains.

Le projet de Darlington n’est pas seulement un projet de construction – il renvoie aussi au rôle crucial que l’industrie nucléaire peut jouer à l’appui de la vigueur économique de nos collectivités et de la protection de la santé et de l’environnement.

Économie

En ce qui a trait aux effets socioéconomiques, il est impératif de veiller à ce que le Canada préserve son bassin de professionnels hautement qualifiés et son avantage sur le front de l’innovation scientifique et technologique.

Alors que notre pays et le reste du monde sortent de la récession, l’industrie nucléaire aide à maintenir, voire à créer des emplois spécialisés très rémunérateurs.

En fait, le secteur nucléaire canadien injecte déjà 6,6 milliards de dollars par an dans l’économie et génère des recettes fiscales fédérales et provinciales de 1,5 milliard par an. Il s’agit d’un milieu de travail stimulant pour les 71 000 Canadiens qui y font carrière.

Manufacturiers et Exportateurs du Canada affirme dans un rapport publié en juillet 2010 que deux projets – la réfection des installations nucléaires de Bruce et de Darlington – créeront près de 25 000 emplois pendant 10 ans en plus d’injecter 5 milliards de dollars par an dans l’économie ontarienne.

À lui seul, le nouveau projet de Darlington créera 7 500 emplois directs et indirects à la grandeur de l’Ontario.

En accroissant les dépenses liées au projet de Darlington, l’augmentation du nombre d’emplois pourrait ajouter 1,4 milliard de dollars au produit intérieur brut de la province.

Cette croissance du PIB représente une hausse d’environ 500 millions de dollars au titre du revenu global des ménages ontariens.

Le secteur nucléaire joue aussi un rôle déterminant en aidant le Canada à conserver la place de choix qu’il s’est taillée en tant que pays exportateur puisque les ventes de nos membres sur les marchés étrangers se chiffrent à 1,2 milliard de dollars par an.

L’énergie nucléaire est abordable. Et nous devrions nous pencher maintenant sur son coût – ou plus précisément sur l’idée fausse selon laquelle il est simplement trop élevé.

Si l’on prend en compte l’ensemble des coûts à long terme, l’électricité d’origine nucléaire coûte aux Canadiens le même prix, voire moins cher, que celle produite par toutes les autres filières.

D’après une étude menée en 2010 par l’Organisation de coopération et de développement économiques, le coût actualisé de l’électricité d’origine nucléaire est inférieur à celui de la plupart des autres filières de production, particulièrement lorsque l’on prend en compte le coût des émissions de CO2. Si l’on établissait à 30 $ la tonne le prix du carbone, le coût du nucléaire serait inférieur à celui des filières charbon propre ou gaz. Il serait comparable au coût de l’éolien et nettement inférieur à celui du solaire.

Bref, l’énergie nucléaire permet de répondre à la demande de base 24 heures sur 24. On parle d’une filière abordable, disponible et fiable permettant de faire face à la demande croissante d’électricité aujourd’hui et dans l’avenir.

Environnement

L’environnement constitue l’une de nos principales ressources, voire la plus importante.

Notre industrie prend très au sérieux la protection de l’environnement – la protection du sol, de l’air et des eaux tant dans les collectivités où nous exerçons nos activités qu’à l’échelle planétaire.

La plupart des effets environnementaux à venir du projet de Darlington sont « connus » et OPG a prévu des mesures éprouvées pour les atténuer.

OPG se fait un point d’honneur de protéger l’environnement, notamment l’habitat aquatique. Sa performance dans le domaine lui a d’ailleurs valu plusieurs récompenses, dont le prestigieux prix William W. Howard en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle sur le front de la conservation, de l’éducation et de sensibilisation.

La filière nucléaire constitue une source d’électricité propre et fiable qui joue un rôle important dans le portefeuille canadien d’énergies propres.

Tout au long de la construction, on atténuera grandement les effets éventuels sur la qualité de l’air grâce à des mesures de protection normalisées utilisées par l’industrie de la construction.

Nous avons la ferme intention de traduire nos valeurs en actions à toutes les étapes. Nous ne faisons là que notre devoir.

Au moment où le Canada et la communauté mondiale dans son ensemble s’efforcent de relever le défi du changement climatique, la filière nucléaire représente un élément clé du portefeuille canadien d’énergies propres.

En effet, l’exploitation des centrales nucléaires ne rejette pratiquement pas de gaz à effet de serre. D’ailleurs, la très légère empreinte carbonique de ces installations est imputable à l’énergie consommée au cours de leur construction.

Ce fait a été corroboré par le Canadian Energy Research Institute – le CERI.

Plus précisément, le CERI a analysé les émissions de gaz à effet de serre de différentes filières de production d’électricité et il a conclu que les émissions de la filière nucléaire sont beaucoup plus faibles que celles des filières charbon, mazout ou gaz naturel et comparables à celles des filières éolienne, solaire ou hydraulique.

Au moment même où nous nous efforçons de réduire l’empreinte carbonique de notre pays, le remplacement de l’énergie fossile par l’énergie nucléaire pourrait avoir un effet très positif.

Sûreté

J’ai déjà abordé la question de la sûreté de notre industrie, mais j’aimerais rappeler que le Canada affiche depuis plus de 45 ans un dossier exemplaire en matière de santé et de sécurité des travailleurs et de la population.

La Commission canadienne de sûreté nucléaire – la CCSN – est l’organisme fédéral qui réglemente l’utilisation de l’énergie et des matières nucléaires pour assurer la sûreté, préserver la santé et la sécurité des Canadiens et protéger l’environnement.

Des employés de la CCSN sont affectés sur le site de chacune des centrales nucléaires et ailleurs dans toutes les régions du Canada pour veiller à la sûreté des matières nucléaires et s’assurer que les exploitants des installations sont prêts à intervenir en cas d’urgence.

Les exploitants et le personnel des centrales nucléaires sont triés sur le volet. Ils sont très compétents et hautement qualifiés et sont agréés par la CCSN.

Sur une période de cinq ans, les travailleurs suivent une trentaine de séances de formation continue très rigoureuse, qui comprennent notamment une formation et des examens sur des simulateurs reproduisant la salle de commande.

Pour les besoins de la cause, on simule toute la gamme des conditions d’exploitation, depuis les situations de routine jusqu’aux cas d’urgence les plus extrêmes. De cette façon, nous nous assurons que les compétences de nos travailleurs sont à jour et nous sommes en mesure de rassurer les intervenants comme vous en montrant que les centrales nucléaires seront exploitées en toute sûreté.

Les activités de notre industrie sont aussi soumises à la surveillance d’Environnement Canada, de Santé Canada, de Pêches et Océans Canada, de Transports Canada et de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

N’oublions pas non plus les nombreuses couches de protection entre, d’une part, les opérations nucléaires canadiennes et, d’autre part, nos employés et les collectivités où nous exerçons nos activités.

Ces mécanismes protègent nos gens, nos collectivités et notre environnement à tous.

Tout cela nous tient à cœur parce que nos travailleurs et leur famille vivent dans les collectivités où les entreprises membres de l’ANC sont présentes.

Donc, si vous habitez ou que vous travaillez à proximité d’une installation nucléaire, je peux vous regarder droit dans les yeux en affirmant avec assurance que la sûreté est depuis toujours notre préoccupation première et notre priorité absolue. Et cela ne changera pas.

En fait, si vous habitez ou que vous travaillez à proximité d’une installation nucléaire, il y a fort à parier que vous êtes mieux placé que la plupart d’entre nous pour parler du dossier de notre industrie en matière de sûreté.

En ce qui a trait au projet de Darlington, l’évaluation environnementale montre que l’environnement sera bel et bien protégé.

OPG exploite des centrales nucléaires depuis plus de 40 ans et elle s’est dotée de systèmes éprouvés. C’est ce qui lui permettra d’atténuer les effets environnementaux. Par ailleurs, les effets éventuels de la construction seront aussi atténués grâce à des mesures de protection bien établies utilisées par l’industrie de la construction.

Au chapitre de la performance, je suis convaincue que le passé est garant de l’avenir. OPG a fait ses preuves et je ne doute pas qu’elle pourra piloter avec brio le projet de Darlington.

On ne peut nier que ce projet aidera grandement à faire face à la demande énergétique croissante au Canada. En fait, le gouvernement de l’Ontario s’est engagé dans son Plan énergétique à long terme à maintenir à 50 % de l’approvisionnement en électricité de la province la part de cette filière propre et fiable. Mais le nucléaire revêt aussi beaucoup d’importance pour nos collectivités.

Comme je l’ai expliqué, les retombées du projet profiteront non seulement à la municipalité de Clarington, mais aussi à l’Ontario dans son ensemble et au reste du Canada.

Il s’agira d’un grand pas en avant pour l’essor de la collectivité.

Conclusion

Au Canada, les exploitants nucléaires sont bien résolus à protéger l’environnement et à en assurer la viabilité. De concert avec la communauté mondiale, ils s’efforcent constamment d’améliorer la sûreté, la rentabilité et la performance environnementale.

En terminant, je tiens à vous remercier encore une fois de m’avoir invitée à prendre la parole cet après-midi. Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions. Merci!

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