Allocution prononcée lors de la Conférence Women in Nuclear (WiN)
Allocution prononcée par Denise Carpenter, présidente et chef de la direction, Association nucléaire canadienne
lors de la Conférence Women in Nuclear (WiN)
le 29 septembre 2010
Merci Susan (Susan Brissette, présidente de WiN Canada).
Je suis très heureuse de me trouver ici aujourd’hui.
Je suis fière de faire partie de WiN et d’appuyer le rôle des femmes en tant que porte-parole de notre industrie ainsi que les possibilités de réussite et d’épanouissement professionnels à leur portée grâce à WiN.
D’après ce qu’on m’a dit, c’est la première fois que vous tenez votre conférence à l’extérieur de la région de la capitale nationale. Eh bien, il s’agit d’une excellente idée et comme Ajax se trouve entre Pickering et Darlington, les gens du nucléaire y sont très bien représentés.
Dans ce contexte et compte tenu du thème de la conférence « Learning From Each Other » – apprendre les unes des autres –, je dirais que vous avez tout ce qu’il faut pour engager un dialogue très fructueux au cours des prochains jours.
Un village planétaire
Le thème de votre conférence est très pertinent. Et c’est le moment de s’y mettre.
Lorsque je suis devenue présidente de l’Association nucléaire canadienne – ANC – il y a environ un an, j’avais pour objectif de construire un village. En me lançant dans cette démarche, j’ai vite compris que notre industrie peut compter sur les personnes voulues et qu’elle possède la volonté, l’expérience et les outils nécessaires. Nous avons des possibilités formidables, dont je vous parlerai ce matin, pour mettre en évidence notre village et, surtout, pour faire passer notre message.
WiN est un élément clé de ce village. Les femmes ont un talent naturel pour l’enseignement et la communication. Nous échangeons des histoires, nous appuyons nos collectivités et, d’après moi, ces gestes peuvent renforcer notre village et ses moyens d’action.
Permettez-moi de vous dire quelques mots au sujet du travail que nous faisons à l’ANC. J’espère que vous en ferez part à vos collègues, à vos intervenants, à votre famille. Chaque fois que c’est possible, continuons à renforcer notre village.
Nos activités
L’ANC travaille en collaboration avec ses membres – les 95 organisations qu’elle représente – à promouvoir les avantages de l’énergie nucléaire au Canada et à faire échec aux idées fausses sur le sujet.
Nous sommes actifs auprès des pouvoirs publics et nous encourageons tous les ordres de gouvernement à reconnaître l’apport important de notre industrie au pays : une source d’énergie propre, des technologies révolutionnaires en médecine nucléaire et des emplois très rémunérateurs. Et la liste ne s’arrête pas là.
Nous mettons en commun les pratiques exemplaires et cherchons à établir des partenariats avec d’autres associations. Comme vous le savez, les activités de l’industrie nucléaire sont tellement variées que nous avons des objectifs en commun avec des organisations comme Manufacturiers et Exportateurs du Canada, l’Association canadienne de l’électricité et l’Association des sociétés minières.
L’année 2010 marque un jalon important pour nous. Il y a 50 ans – en août 1960 –, les membres de l’industrie nucléaire nationale mettaient sur pied l’Association nucléaire canadienne pour promouvoir l’utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques au pays.
Nous avons produit une vidéo pour souligner cet anniversaire et nous avons consacré notre aide-mémoire annuel à la longue et glorieuse histoire du nucléaire au Canada. Vous pouvez vous procurer la vidéo et l’Aide-mémoire ici même aujourd’hui ou les télécharger à partir de notre site Web (WWW.CNA.CA).
Rétrospectivement, notre histoire est très impressionnante. Depuis ses débuts à Chalk River jusqu’à aujourd’hui, notre industrie a développé des produits et des services novateurs qui ont amélioré la qualité de vie au pays et ailleurs dans le monde.
Nous avons inventé la technologie CANDU.
Nous avons créé une industrie de l’uranium de calibre mondial.
Nous affichons un excellent dossier en assurant une production d’électricité sûre, fiable et économique. Le Canada tire de l’énergie nucléaire 15 % de son électricité et l’Ontario, plus de 55 %.
Le nucléaire est propre. Au moment où le Canada et le reste du monde s’attaquent aux défis du changement climatique, la filière nucléaire offre une solution énergétique non polluante qui permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Les avantages du nucléaire ne se limitent pas à la production d’électricité. Loin de là. Au Canada, l’énergie nucléaire est le fer de lance de technologies vitales utilisées pour la lutte contre le cancer, le diagnostic et le traitement de maladies, la stérilisation de fournitures médicales, l’irradiation d’aliments, le dessalement d’eau de mer et d’autres technologies nouvelles.
À l’heure actuelle, l’industrie nucléaire crée 71 000 emplois dans toutes les régions du pays, elle injecte 6,6 milliards de dollars par an au titre du produit intérieur brut et ses exportations se chiffrent à 1,2 milliard de dollars par an.
Dans un rapport publié en juillet dernier, Manufacturiers et Exportateurs du Canada affirme que la réfection des installations nucléaires de Bruce et de Darlington créera 25 000 emplois pendant les 10 prochaines années et injectera 5 milliards de dollars par an dans l’économie ontarienne.
Ce ne sont là que quelques exemples. Mais il ne fait aucun doute que nous apportons une contribution capitale à l’économie du pays. Nous créons des possibilités pour de nombreux Canadiens à une époque où les difficultés économiques sont bien réelles.
Nos priorités
Notre vision consiste à tirer parti des possibilités offertes par l’explosion de la demande énergétique à l’échelle planétaire pour créer et soutenir une industrie vigoureuse, dynamique et en plein essor au Canada.
Comment nous y prendrons-nous?
Nous voulons que le nucléaire soit reconnu comme une filière de production propre permettant de relever les défis du changement climatique.
Nous voulons aussi que le monde entier sache que l’énergie nucléaire constitue un tremplinpour l’énergie renouvelable. Aucune autre filière répondant à la demande de base n’est comparable quand on examine de près la capacité de combler les besoins énergétiques de demain.
Le Canada demeure un chef de file mondial de la technologie nucléaire.
Nous disposons d’un solide programme de recherche-développement pour créer des emplois spécialisés au Canada – et y retenir les esprits les plus brillants.
Nous sommes sur la bonne voie pour accroître les retombées économiques pour les Canadiens.
L’électricité d’origine nucléaire est abordable. Si l’on prend en compte le cycle de vie, son coût est concurrentiel par rapport à l’électricité produite par les centrales au charbon ou au gaz naturel et les grandes centrales hydrauliques et il est bien moins élevé que le coût des deux sources d’énergie renouvelable les plus prometteuses, à savoir les filières éolienne et solaire. Les projets nucléaires sont de grande envergure et ils ont des retombées sur les collectivités, sous forme d’emplois spécialisés et d’infrastructure. Ces grands projets sont également une source de recettes fiscales appréciables pour les provinces et les municipalités.
Mais je dois aussi reconnaître que nous faisons face à des défis à l’heure actuelle, par exemple la décision du gouvernement fédéral de restructurer Énergie atomique du Canada limitée.
Le gouvernement mènera sa démarche à terme au cours des prochains mois et nous avons indiqué clairement que nous appuierions une structure qui fera progresser l’industrie et les centaines d’entreprises canadiennes associées à la chaîne d’approvisionnement de la filière CANDU pour la rendre encore plus concurrentielle.
Soulignons par ailleurs que la recherche est au cœur de notre industrie. Afin que le Canada demeure concurrentiel au sein de l’industrie nucléaire mondiale, nous devons aussi disposer d’un milieu de la recherche aguerri, qui constitue une ressource essentielle pour une industrie de calibre mondial.
Des possibilités planétaires
Il y a deux semaines, au Congrès mondial de l’énergie, j’ai constaté que la communauté mondiale n’ignore pas les avantages du nucléaire.
Ainsi, dans un rapport publié dans le cadre du Congrès, Ernst & Young affirme que le Canada demeure un acteur clé dans l’expansion de l’énergie nucléaire à l’échelle planétaire. D’après ce rapport :
- Le Canada compte parmi les 15 pays du monde qui envisagent la construction de réacteurs nucléaires – le nombre le plus élevé depuis les années 1980.
- On compte dans le monde 438 réacteurs en exploitation auxquels s’ajoutent 65 réacteurs en construction et 120 autres prévus – sans compter les réacteurs existants qui sont ou seront remis à neuf.
- L’Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick investissent dans l’énergie nucléaire et les provinces des Prairies y songent.
Au cours des deux ou trois dernières années, la filière nucléaire est devenue une option de plus en plus viable au sein de l’industrie énergétique mondiale et elle semble maintenir le cap.
D’après le rapport d’Ernst & Young, l’énergie nucléaire est une ressource propre et la relance de cette filière pourrait bien être principalement attribuable à la demande de sources d’énergie plus fiables et sans émissions.
Dans la même veine, l’Agence internationale de l’énergie a publié en juin dernier une feuille de route pour la technologie nucléaire préparée conjointement avec l’Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire.
D’après cette feuille de route, contrairement à la plupart des autres sources à faibles émissions de carbone, l’énergie nucléaire repose sur une technologie évoluée et elle est utilisée depuis plus de 50 ans. Les dernières conceptions de centrales nucléaires mettent cette expérience à profit pour améliorer la sûreté et la performance et elles sont prêtes pour un déploiement à grande échelle au cours des prochaines années.
Toujours selon la feuille de route, il est fort possible que la filière nucléaire débouche sur de nouvelles percées technologiques propres à améliorer notre rôle dans un avenir énergétique durable.
Et le rapport affirme que nous avons besoin de deux éléments pour transformer ces possibilités en réalité :
- Les gouvernements doivent adopter des politiques claires et cohérentes concernant le nucléaire pour encourager l’investissement du secteur privé.
- Nous devons continuer à sensibiliser la population aux avantages d’une énergie propre et à appuyer l’innovation et la technologie dans le secteur. Nous avons tous les atouts en main pour stimuler l’intérêt des investisseurs mondiaux et fournir des produits, des technologies et un savoir-faire.
Il sera essentiel de rallier davantage la population. D’ailleurs, la mise en oeuvre rapide de plans d’action pour surmonter les difficultés auxquelles nous faisons face aura un effet bénéfique à cet égard. Mentionnons, par exemple, l’évacuation du combustible irradié ou l’exploitation sûre et efficace des centrales nucléaires.
C’est là que nous intervenons et que nous faisons entendre notre voix.
Stratégie énergétique de l’Ontario
Il ne faudrait pas oublier non plus les possibilités qui s’offrent ici même, dans notre cour.
Le ministre Duguid a affirmé que le nucléaire est au Canada pour y rester et que le gouvernement de l’Ontario n’envisage pas la possibilité de réduire notre production électronucléaire de base.
Nous venons tout juste d’entendre M. Dickson, le député provincial, parler de la consultation lancée par le gouvernement ontarien sur sa stratégie énergétique à long terme. Toutes les personnes ici présentes ont la possibilité de faire connaître leur point de vue et j’encourage chacune d’entre vous à participer à la consultation dans le site Web du ministère de l’Énergie et de l’Infrastructure.
En février dernier, OPG a annoncé une stratégie d’investissement en deux volets pour ses centrales nucléaires de la région de Durham :
- OPG passe à l’étape de planification de la réfection à mi-vie de la centrale nucléaire Darlington.
- Elle investit 300 millions de dollars pour continuer d’exploiter la centrale Pickering pendant une dizaine d’années.
Par la suite, OPG mettra les réacteurs en arrêt prolongé en toute sûreté en vue du déclassement de Pickering.
Pour sa part, Bruce Power poursuit la réfection des quatre tranches de la centrale Bruce A. Les tranches 3 et 4 ont été remises en service il y a quelques années. Les tranches 1 et 2 devraient être synchronisées au réseau électrique de l’Ontario vers la fin de 2011 pour produire de l’électricité pendant encore 25 ans.
Ces activités nous donneront l’occasion de nous exprimer pour exercer une influence et apporter des précisions ou des corrections.
Répondre à nos détracteurs
Les Canadiens méritent d’avoir l’heure juste concernant la provenance de leur énergie. Lorsque nous entendons parler de groupes tels que Greenpeace, Pembina et le Fonds mondial pour la nature, comme ce fut le cas cet été lors de la publication du rapport intitulé Renewable is Doable, nous devons dire que trop c’est trop. Ils prônent la fermeture de tous les réacteurs nucléaires en Ontario pour les remplacer par des sources d’énergie renouvelables.
Ne ratons pas une occasion de rappeler à nos détracteurs que les Ontariens consomment de l’électricité d’origine nucléaire depuis 1962. La solution ne consiste pas à remplacer les centrales nucléaires par des sources d’énergie renouvelables et des centrales à gaz.
Rappelons-leur aussi que l’énergie nucléaire est propre et pratiquement sans émissions. En produisant de l’électricité d’origine nucléaire, le Canada évite chaque année l’émission de 90 millions de tonnes de gaz à effet de serre.
Rappelons-leur également que le nucléaire est abordable. Les études révèlent invariablement que les nouvelles centrales nucléaires permettent de produire de l’électricité à un coût similaire à celui d’une nouvelle grande centrale hydraulique ou de n’importe quelle future centrale au charbon dotée d’une technologie de captage de CO2. En ce qui a trait aux coûts futurs, on sait que chaque nouvelle installation de production ou nouvelle ligne de transport coûte plus cher que celles déjà en place. Mais aucune étude digne de foi n’a montré que l’ajout d’une seule centrale nucléaire entraînerait une montée en flèche des tarifs d’électricité.
Rappelons à nos détracteurs qu’il s’agit d’une énergie stable et disponible qui peut servir de complément aux sources renouvelables comme l’énergie éolienne. Les éoliennes fonctionnent uniquement lorsque le vent souffle. Le reste du temps, on doit donc utiliser d’autres sources d’énergie, par exemple les centrales au gaz naturel, pour compenser la perte de production éolienne.
Mais, par-dessus tout, rappelons-leur que trop c’est trop. Nous vivons dans un pays riche en ressources et en technologie. Il ne faut pas préconiser l’élimination pure et simple d’une source d’énergie. Nous devrions plutôt unir nos efforts et opter pour un portefeuille énergétique incluant l’énergie nucléaire – une source d’énergie fiable et abordable. Nous pouvons très bien travailler tous ensemble.
Conclusion
Je ne suis pas féministe; je suis réaliste. Je crois au pouvoir des femmes. En tant que membres de la collectivité, militantes, chefs de file et enseignantes, nous avons la capacité de susciter des changements et de préparer un avenir meilleur. J’en suis convaincue.
En apprenant les unes des autres, nous pouvons construire un village – un village fondé sur le partenariat, le respect mutuel et la collaboration. Ensemble, nous pouvons faire changer les choses en assurant ainsi la vitalité et la prospérité de notre industrie nucléaire pour de nombreuses années.
Je vous souhaite une excellente conférence et j’ai hâte de voir les résultats de notre dialogue à mesure que nous progresserons.
Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions.