Un autre rappel de poulet : la technologie nucléaire peut-elle éviter des infections à la salmonelle au Canada?
Le 2 juin, Santé Canada a publié un important avis de rappel visant des burgers de poulet surgelés de la populaire marque Sans nom, afin de réduire le risque d’infections liées à la salmonelle dans tout le pays.
Selon l’Agence de la santé publique du Canada, entre mars et mai, on a relevé dans huit provinces 59 cas de salmonellose dus à une exposition à de la volaille. Aucun cas n’a été mortel. L’enquête se poursuit et d’autres produits pourraient faire prochainement l’objet d’un rappel.
Ce nouveau rappel nous remet à l’esprit que les produits de poulet surgelés contiennent de la volaille crue et qu’ils doivent être manipulés de la même façon que la volaille ordinaire. Il nous rappelle aussi que le poulet fait actuellement partie des produits qui ne sont pas irradiés au Canada.
L’irradiation est le traitement des aliments par un type d’énergie de rayonnement appelé rayonnement ionisant. À la puissance utilisée pour irradier les aliments, le rayonnement ionisant contient suffisamment d’énergie pour tuer les bactéries, les moisissures, les parasites et les insectes.
Selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments, il n’y a actuellement que six types d’aliments irradiés qui peuvent être vendus au Canada : les pommes de terre, les oignons, le blé, la farine et la farine de blé entier, les épices entières ou moulues et les mélanges d’assaisonnement déshydratés, le bœuf haché cru frais, ainsi que le bœuf haché cru surgelé.
Le bœuf n’a été ajouté à la liste par Santé Canada que l’an dernier. Ce changement est survenu après 20 ans de pressions de la part de l’industrie canadienne du bœuf.
Plus de 60 pays autorisent l’irradiation des aliments. Contrairement au Canada, les États-Unis permettent l’irradiation du bœuf haché frais et surgelé depuis 1999. La liste des aliments irradiés aux États-Unis, qui est beaucoup plus longue que celle du Canada, comprend le porc, le homard, les huîtres, les crevettes, les fruits et légumes frais, et la volaille. L’irradiation y est autorisée depuis 1990.
Peu après que Santé Canada avait approuvé l’irradiation du bœuf, un groupe de consommateurs canadiens, l’Association des consommateurs du Canada, a demandé que la volaille soit ajoutée à la liste des aliments autorisés.
Bien que la volaille soit irradiée aux États-Unis et que cette pratique soit sécuritaire, l’industrie canadienne hésite toujours à la promouvoir, car elle craint que le public n’y soit pas favorable, ce qui est un problème courant dans l’industrie nucléaire en général.
Dans une entrevue de 2010, le président du Conseil canadien des transformateurs d’œufs et de volailles (CCTOV) explique la position de l’industrie.
« Nous croyons que l’irradiation est un bon outil avec des données scientifiques fiables à l’appui et nous aimerions qu’elle soit approuvée pour les carcasses de volaille, déclare Robin Horel. Néanmoins, avant que nous présentions une demande à Santé Canada à ce sujet, l’attitude des consommateurs aurait besoin de changer. »
Il est important de souligner que, même si l’irradiation ne garantit pas que les aliments ne présentent aucun risque d’infection à des bactéries comme la salmonelle et l’E. coli, elle permet de réduire considérablement la présence de bactéries et d’autres micro-organismes dans les aliments. Même dans les pays autorisant l’irradiation de la volaille, comme les États-Unis, il y a encore des rappels de produits du poulet en raison de problèmes de manipulation durant la transformation.
N’oubliez pas que les aliments irradiés doivent eux aussi être manipulés, conservés et cuits correctement.
Si vous désirez en savoir plus sur l’innocuité de l’irradiation des aliments, Nordion a mis en ligne une excellente fiche de renseignements (en anglais seulement).