La science nucléaire et votre café
Pour la plupart d’entre nous, vivre sans sa tasse de café le matin est impensable. Selon l’Organisation internationale du café (OIC), environ 9 millions de sacs de café sont exportés à travers le monde chaque mois. La dépendance de la caféine augmente à un taux juste en-dessous de deux pour cent par an; voici qui fait de notre stimulant matinal une industrie bourgeonnante.
Par contre, une maladie nommée la rouille de feuilles pourrait vous enlever cette tasse de café. La rouille de feuilles de caféière, ou Hemileia vastatrix est un champignon qui attaque les feuilles des caféières. Le premier cas documenté remonte à la fin des années 1800; la rouille de feuilles peut causer d’énormes dégâts à la production de café. Nouvelle largement diffusée, le Sri Lanka s’est vu obligé d’arrêter la production de café à cause de l’épidémie désastreuse de la rouille de feuilles dans les années 1860.
En 2013, le Guatemala était un pays parmi plusieurs à déclarer un état d’urgence agriculture nationale à la suite d’une épidémie causée par cet organisme qui a détruit environ 70 pour cent de la récolte de café dans la région. Les effets de ce champignon sont considérables. Au cours des quatre dernières années, divers pays en Amérique latine et dans les Caraïbes ont perdu un revenu d’à peu près 1 milliard de dollars.
Cet organisme attaque les feuilles des caféières, laissant derrière une lésion ou un point de couleur orangée sur le bas de la feuille. Ces lésions réduisent la capacité de photosynthèse de ces plantes, le processus par lequel les plantes transforment la lumière et l’eau pour produire de l’oxygène, du sucre et du dioxyde de carbone. Réduire la photosynthèse, la capacité de la plante de se nourrir, a comme résultat une récolte plus faible à cause de la diminution du développement végétatif. Les effets à long terme de l’infection incluent la mort des bourgeons et des racines de la plante, diminuant ainsi la quantité de la production de café globale.
La science nucléaire lutte contre la rouille de feuilles des caféières.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en liaison avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et d’autres partenaires souhaitent une solution nucléaire : le croisement de plantes résistantes à ce champignon mortel. Une équipe d’experts se sont réunis en début d’octobre avec le but de produire une plante de café résistante par une technique nucléaire nommée la sélection végétale par mutagenèse.
La sélection végétale par mutagenèse utilise des petites doses de radiation pour modifier l’ADN ou le patrimoine génétique d’une plante, afin de la rendre plus résistante aux maladies et aux ravageurs telles que la rouille de feuilles.
« La sélection végétale par mutagenèse est une façon rapide de développer de meilleures variétés avec de nouveaux traits utiles », annonce Stephan Nielen, généticien responsable de la formation à l’AIEA/FAO. « Cette méthode offre aussi une approche largement acceptée, économique et durable de la protection des récoltes et des quantités adéquates libres de pesticides ».
Le travail en laboratoire est essentiel. Le changement climatique a d’ores et déjà un effet sur les régions productrices de café. Plus de chaleur et plus de précipitation augmentent l’incidence de ravageurs et de maladies comme la rouille de feuilles et menacent la subsistance d’environ 120 millions de personnes qui comptent, souvent, parmi les plus pauvres du monde et dépendent des revenus du café. L’augmentation des températures et la pluie a fourni un environnement propice à la propagation de cette maladie désastreuse. Le problème était tellement sévère en 2010 que plusieurs pays sont venus ensemble pour former l’initiative coffee & climat, une réponse au changement climatique et aux répercussions sur l’industrie du café. L’initiative a pour but d’aider plus de 70 000 cultivateurs composer avec le changement climatique.
Le travail dans les laboratoires e3n coopération avec l’AIEA va aussi fournir un autre outil pour l’industrie du café : des plantes génétiquement plus diverses et résistantes, qui seront un grand aide pour l’environnement et pour ceux qui en dépendent pour leur subsistance.